L’arôme poivré revient souvent dans les descriptions du panel aromatique des cigares. Les critiques et fumeurs évoquent même une distinction entre poivre noir et poivre rouge. Ce dernier est incroyablement parfumé en plus d’être doux. En revanche, le noir est fort, mais surtout piquant dès que la fumée du cigare est au contact de la langue. Qu’est-ce qui pourrait expliquer la présence de cette note dans un grand nombre de pièces ? Les théories sont nombreuses. En voici quelques-unes.
1ère raison : c’est une caractéristique des feuilles de tabac
Pour les fumeurs inconditionnels, ce goût poivré constitue une spécificité que l’on retrouve dans différentes variétés de tabac. Il s’agit donc d’un arôme naturel qui sera amplifié, développé par les conditions de cultures des plants de tabac, à savoir, les caractéristiques du sol et les techniques adoptées pour les cultiver. Par exemple, la culture en plein air, méthode que l’on appelle « tabac de sol », accentue cet arôme tandis que la culture sous-serre, ou « tabac tapado », n’exerce quasiment pas d’influence. Pour être sûr, il serait intéressant de comparer plusieurs vitoles.
2ème raison : c’est une caractéristique propre à un cigare
Autrement dit, pour une même vitole, l’arôme poivré peut se développer dans un cigare et non dans un autre. Les défenseurs de cette thèse affirment que l’apparition de ce goût ou ce parfum de poivre est totalement indépendante des méthodes et des techniques de culture et encore moins du terroir. Cette explication est toutefois trop incomplète pour être retenue avec sérieux. Ce qui est sûr toutefois, c’est qu’il est fréquent d’expérimenter l’arôme poivré dans les cigares haut de gamme. Il est davantage prononcé dans les cigares à cape maduro.
3e raison : la nicotine et le goudron
La teneur en nicotine d’un cigare est susceptible de favoriser la formation de l’arôme poivré. La nicotine agresse les cellules de la peau, ou plutôt, les cellules de la langue (cellules gustatives, cellules de soutien, cellules basales) ce qui provoque des picotements comme lorsque l’on ingère du poivre. Plus le cigare contient de la nicotine, plus cette sensation s’accroît. D’après d’autres fumeurs, l’action de la nicotine est secondaire par rapport à celle du goudron répandu par la fumée du cigare. C’est ce dépôt noir transporté par la fumée qui serait le premier responsable de l’arôme poivré.
4ème raison : la force du cigare
On a pu remarquer que la sensation poivrée est surtout présente dans les cigares forts tandis que les cigares doux n’exhalent pas souvent cet arôme. Et même lorsqu’il existe, il se déploie avec une discrète intensité, timidement, subtilement. En tout cas, c’est juste assez pour séduire ceux qui apprécient les cigares légers dont certaines caractéristiques aromatiques rappellent celles des cigares moyens-forts à forts.
5ème raison : l’insuffisance d’humidité
Beaucoup de fumeurs ont constaté qu’un cigare trop sec, en manque d’hydratation, laisse échapper un arôme poivré, mais cette fois-ci, la sensation est assez désagréable au palais. Car oui : si l’arôme est le résultat d’un défaut de conditionnement ou d’un problème de stockage, il sera loin d’être plaisant jusqu’à être répulsif. En revanche, si son apparition est naturelle, il sera savoureux, mais surtout, il contribue à l’harmonie du panel aromatique. La combustibilité d’un cigare insuffisamment hydraté est rapide, car il chauffe à une température anormalement élevée. Il en résulte une altération de son éventail d’arômes dans la mesure où ces derniers n’ont pas le temps de se développer entièrement. Conclusion : il n’y a pas mieux que de conserver les pièces dans une cave à cigares dotée d’un humidificateur et d’un hygromètre pour être sûr de leur offrir en permanence le taux d’humidité requis (généralement, celui-ci est de 70%).