Comme tous les bons produits, les feuilles de tabac nécessite également beaucoup de temps pour se transformer en cigare, à partir du moment où la plante est récoltée. La feuille fraîche, verte et humide recueillie dans les champs où les plants de tabac sont cultivés doit passer par une série de processus pour acquérir la couleur, la texture et l’humidité nécessaires à un cigare, ainsi que les arômes et les saveurs perçus lors de la dégustation.
Qualité des feuilles sur un plant de tabac
Sur le plant de tabac, qui est généralement planté chaque année, on peut observer différents niveaux de feuilles. Du sol au sommet de la plante, les niveaux de feuilles sont :
- Volado : les feuilles à ce niveau sont principalement utilisées pour aider le cigare à brûler, car elles contiennent moins d’huile et très peu de saveur.
- Seco : feuilles qui offrent une saveur douce au cigare, car elles contiennent des huiles et de la nicotine.
- Viso : ces feuilles ont plus d’huiles et de force que les Secos.
- Ligero : c’est la partie de la plante qui contient le plus d’huiles et qui donne plus de force au cigare.
La récolte d’un plant de tabac prend environ un mois, de la première coupe à la récolte de la dernière feuille. Le fermier cueille progressivement les feuilles du niveau inférieur de la plante, jusqu’à ce que le niveau supérieur soit atteint, selon le climat.
Etapes de traitement des feuilles de tabac
Voici les étapes qu’une feuille de tabac subit depuis la récolte de la plante jusqu’à ce qu’elle finisse dans un cigare :
- Le séchage : lorsque le tabac est récolté dans le champ, il est transporté dans une ferme, où il sera réuni en fagots, liés avec des ficelles de différentes couleurs pour identifier le niveau de la feuille pour le processus de séchage. Le séchage dure environ 40 à 50 jours, selon la variété de tabac. Trois facteurs entrent en jeu : l’humidité, la température et la vitesse de l’air. En tenant compte de ces facteurs, les fagots sont constamment déplacés pour que l’air facilite le séchage. Lorsque les feuilles sont amenées à la ferme de séchage, elles contiennent 80 à 85% d’eau. Cette humidité est importante pour démarrer le processus de séchage, car elle joue un rôle important dans le processus de changement de couleur des feuilles, qui passent du vert au jaune. Dans la deuxième étape du processus, la couleur jaune se transforme en brun, et la dernière étape du processus de salaison est entièrement physique : c’est le moment où le tissu et les nervures principales des feuilles sont séchés. Enfin, le tabac séché est soumis par intermittence à l’humidité et au séchage afin d’uniformiser les couleurs des feuilles.
- Le Vieillissement pré-fermentaire (tabac brut) : une fois que le tabac arrive dans les entrepôts, il est trié en fonction de sa texture, de sa taille et de sa déshydratation. Il est ensuite soumis au premier processus de vieillissement pré-fermentaire (minimum trois mois) avant d’être écôté. Au cours de ce processus de vieillissement, le tabac acquiert la consistance nécessaire pour résister à l’humidité à laquelle il sera soumis pendant le processus de fermentation.
- Fermentation : il s’agit d’un processus intense et contrôlé d’une durée minimale d’un an, au cours duquel la chaleur produit des changements significatifs dans la composition chimique des feuilles. Les amidons du tabac sont transformés en sucres et l’azote ammoniacal est libéré, ce qui rend la feuille de tabac fumable. Plus la fermentation est complète, plus la fumée sera équilibrée lors de la dégustation du cigare. Les paquets sont défaits et placés en piles, triés par niveaux de feuilles bien identifiés, une feuille contre l’autre. Le processus de fermentation est entièrement naturel. La combinaison de l’humidité des feuilles et de la pression (densité) d’une feuille sur l’autre dans les piles génère de la chaleur, ce qui entraîne la reproduction des bactéries responsables de la fermentation. Ce premier processus dure environ six semaines avant que les feuilles ne soient écôtées. Le tabac peut être fermenté 2, 3 ou 4 fois.
- Écôtage : dans les feuilles de tabac utilisées pour la tripe, les tiges sont coupées aux deux tiers de la tête de la feuille vers les extrémités ; tandis que dans le cas de la sous-cape, les tiges sont coupées de la feuille en enlevant complètement la veine principale. Dans les deux cas, elles sont triées (sélectionnées et séparées) par texture, par niveau d’endommagement et classées selon leur taille : grande, moyenne et petite.
- Vieillissement : normalement, les feuilles sont placées en balles pendant deux à cinq ans. Plus la technique de vieillissement est performante, plus le tabac développe de saveur et d’arôme.
Comme un cigare comporte trois types de tabacs (la tripe, la sous-cape et la cape), chacun est traité avec un taux d’humidité différent : la tripe a un taux d’humidité de 16/17 %, la sous-cape de 16/17 % et la cape de 18/20 %. Le but du processus de vieillissement est l’homogénéisation de l’humidité, qui sera encore perceptible une fois le cigare allumé et brûlé : le tabac brûle irrégulièrement, la cape brûlant plus lentement.
Pour certains fabricants une partie de vieillissement peut se faire dans des fûts de chêne. Ce processus donne des notes de toast, de grillé et parfois de vanilles aux cigares. Cependant il est très coûteux et donc réservés principalement aux cigares premium dont le prix de vente est assez élevé.