De nos jours, le fumeur de havanes peut en regardant seulement les bagues et les boîtes de ses cigares préférées, savoir s’il a affaire à une marque ancienne apparue au XIXe siècle ou à l’une des dernières nées à partir de 1966. Si par chance, il a l’occasion de se rendre à La Havane, il visitera des manufactures édifiées au siècle dernier où se poursuit la fabrication de cigares. Toutes ces constatations lui donneront l’illusion du maintien d’une tradition immuable.
Mais les apparences sont trompeuses, car Cuba, confronté à une pauvreté chronique depuis l’effondrement du bloc soviétique, mise sur le tourisme et sur le havane pour accroître ses réserves en devises. Cela passe bien évidemment par l’augmentation des pièces fabriquées avec pour corollaire, des modifications dans l’organisation de la production.
La rupture avec l’ancien système de production établi au cours de la première moitié du XIXe siècle interviendra avec la prise de pouvoir de Fidel Castro au début de l’année 1959. Les principes socialistes sont appliqués à l’ensemble de l’économie cubaine comme au secteur tabacole : nationalisations des fabriques de cigares appartenant jusqu’ici aux trusts américains, de 20 % des plantations de tabac, et soumission des propriétés privés restantes aux objectifs de la planification.
Emporté, par sa fougue révolutionnaire Fidel Castro voudra supprimer toutes les marques vestiges du capitalisme pour imposer un seul nom : le Siboney, patronyme d’un patriote cubain, dont la gamme se déclinait en quatre modules. Cette décision arbitraire montra les limites de la révolution. Les fumeurs étrangers le boudèrent.
Mais, quel qu’en soit les raisons, le gouvernement cubain revint sur sa décision. La légende veut qu’Ernesto « che » Guevara ait joué un rôle déterminant dans ce revirement. Néanmoins, toutes les marques ne furent pas réhabilitées, et certaines, parmi les plus prestigieuses, disparurent : Cabañas y Carbajol, Murias, Henry Clay, Farach et Villar et Villar.
Les fabriques de cigares furent rebaptisées.
C’est pour cette raison, qu’actuellement les deux noms coexistent. Ainsi, la manufacture H. Upmann s’appelle aussi José Marti, Romeo y Julieta ou Briones Montoto, El Rey del Mundo ou Carlos Baliño, Partagas ou Francisco Pérez, La Corona ou Fernandez Royg.
Au point de vue social, les changements impulsés par la révolution furent manifestes. Auparavant, la main d’oeuvre des rouleurs dans les fabriques cubaines de cigares était exclusivement masculine, contrairement aux manufactures royales de Séville, et l’écôtage était réservé aux femmes. Après le changement politique de 1959, les torcedoras – les rouleuses – apparaissent dans les ateliers.
Cette évolution revêt la forme d’une véritable conquête sociale, car le roulage des cigares est considéré comme le métier le plus gratifiant et le plus prestigieux du fait du long apprentissage qu’il nécessite et de sa difficile maîtrise. L’exemple sera donné en 1964 par l’école de torcedoras – rouleuses -, fondée par une proche collaboratrice de Fidel Castro, Célia Sanchez, dans l’hôtel particulier colonial El Laguito.
Ce sera un modèle à plus d’un titre. D’une part parce que l’établissement servira à la réinsertion sociale d’anciennes prostituées, et d’autre part, parce qu’il aura pour vocation de former l’élite professionnelle qui roulera les cigares destinés au chef d’état cubain. En janvier 1970, l’école deviendra la fabrique des fameux Cohiba. Dans celle-ci, les femmes occupent plus de 70 % des postes de travail.
Aujourd’hui, cet exemple s’est généralisé puisque les cigarières sont plus nombreuses que les hommes aux tables de roulage.
Cette suprématie s’explique par des aptitudes particulières, comme une habileté et une conscience professionnelle supérieure à celle de leurs collègues masculins, mais aussi par le fait, que leur intégration a permis de répondre à la pénurie chronique de main d’oeuvre qualifiée.
Depuis leur apparition au cours du XIXe siècle, les fabriques prestigieuses de cigares – fabricas de tabacos -, sont situées au coeur de La Havane à l’intérieur du périmètre que l’on appelle de nos jours la Vieille Ville. On en dénombrait quarante avant 1959, il n’en reste plus que neuf dont H.Upmann, Montecristo, Partagas, Romeo y Julieta, Punch, La Corona, El Rey del Mundo ou Hoyo de Monterrey. Chacune d’elles était dédiée à une marque dont elle portait le nom. Actuellement, mis à part El Laguito qui roule exclusivement les Cohiba et le Trinidad, les autres manufactures confectionnent 4 ou 5 marques différentes dans différents modules. Ainsi, la fabrique H.Upmann, qui partage son siège social avec Montecristo depuis 1944 rue Amistad dans le centre de La Havane, produit des Montecristo et les Vegas Robaina, en plus de ses propres vitoles, comme le célèbre Sir Winston. La « Real Fabrica de Tabacos » (fabrique royale de cigares) Partagas, est installée depuis 1845, au n°520 de la calle Industria (la rue de l’Industrie), en plein centre de La Havane.
Elle roule, outre des cigares portant sa propre marque, des Ramon Allones, des Bolivar, La Gloria Cubana, des San Luis Rey et même des Montecristo.
L’essentiel des vitoles Bolivar y sont produites comme le Royal Coronas. La manufacture Romeo y Julieta est actuellement située au n°852 de la rue Belascoain à La Havane. Les cigares El Rey del Mundo, la plus grosse partie de la gamme Sancho Panza, ainsi que la gamme Cuaba, y sont confectionnés. La fabrique La Corona occupe le n°106 de la rue Zulueta, dans la vieille ville de La Havane. Elle produit pour l’exportation la marque Juan Lopez et la vitole Culebra de Partagas. Les cigares bagués à son nom sont surtout réservés au marché intérieur. El Laguito est un ancien hôtel particulier situé dans le quartier résidentiel de Miramar à La Havane. L’école de torcedoras qu’il hébergeait devient manufacture de cigares à part entière en 1970, pour la fabrication des Cohiba, dont le lancement sur le marché international aura lieu en 1982 et en 1988 pour la France. Eduardo Rivera Irizarri, l’inventeur du premier cigare de la marque alors destiné à Fidel Castro, assurera la direction de la fabrique de 1963 à 1968. Actuellement, toute la gamme Cohiba et le Trinidad y sont roulés.
La fabrique de José M. Segui de Guira de Melena installée dans la proche banlieue de La Havane produit entre autres marques des Romeo y Julieta. Signe des temps, le centre historique de La Havane n’accueille plus de manufactures destinées à l’élaboration des grands cigares. Ainsi, la fabrique de José M. Segui de Guira de Melena est installée dans la proche banlieue de la capitale cubaine, et produit entre autres marques des Romeo y Julieta. El Laguito, elle aussi, est située dans la banlieue de La Havane, dans le quartier résidentiel de Miramar.
D’autres villes accueillent des manufactures de cigares destinés à l’exportation, par exemple, les vitoles José L. Piedra sont produites à Santa-Clara, ville importante du centre de Cuba, prise le 31 décembre 1958 par le Che. Face à la nécessité d’accroître la production pour satisfaire les besoins croissants du marché, et faire entrer les précieuses devises dont le pays a besoin, les fabriques de havanes se multiplient. Des 11 manufactures habilitées, en 1996, à traiter des feuilles provenant de la Vuelta Abajo et de Partidos pour confectionner des cigares exportés, on est passé à 27 en 1997. Afin de répondre aux objectifs de triplement de la production de cigares, annoncés par Fidel Castro lui-même pour l’horizon 2000, de nouvelles manufactures vont être créées dont deux à Holguin ainsi qu’à Sancte Spiritus.
L’amateur de havanes, confronté à ces changements rapides, est tiraillé entre deux attitudes contradictoires. D’un côté, il se félicite de l’augmentation des quantités de havanes disponibles sur le marché, de l’autre, il s’inquiète des conditions dans lesquelles cet essor de la production se fera.
Il redoute que la hausse des rendements ne nuise à la qualité des cigares. Ces craintes sont en partie fondées.
Car même si toutes les décisions ont été prises pour atteindre ces objectifs ambitieux, notamment en ce qui concerne la formation de nouveaux rouleurs dans les écoles des fabriques, six années de pratique restent nécessaires pour faire un torcedor. Lorsque l’on sait encore, qu’une partie des ouvriers se plaint de manquer de matériel pour travailler, l’amateur a de bonnes raisons de s’inquiéter. Cependant, gardons-nous de juger trop vite les Cubains. Souvenons-nous, que de 1960 à 1964, les cigares cubains produits avaient une qualité approximative à la suite de la suppression des marques au début de la révolution, à ce moment là, beaucoup d’experts internationaux étaient convaincus de l’incapacité des jeunes techniciens de la Cubatabaco à retrouver la qualité d’antan des havanes. Ils reçurent un démenti cinglant à la suite de la récolte exceptionnelle de 1964-1965 qui confirma le retour du havane à la première place.
La production de cigares à Cuba peut être comparée à la culture viticole en France; cela est pris extrêmement au sérieux et attire également des touristes du monde entier. Les cigares cubains sont généralement fabriqués comme n’importe quel autre cigare. Les plants de tabac sont plantés tard dans l’année et cultivés pendant trois mois avant que les agriculteurs les cueillent, feuille par feuille. Ensuite, les feuilles fraîches sont acheminées vers la salle de séchage où elles sont mises à sécher, ce qui peut prendre jusqu’à trois mois. Une fois les feuilles séchées, le cigare est prêt à être roulé. La manière dont chaque cigare est roulé peut influer sur la qualité du cigare. Il est donc impératif que le cigare soit roulé avec toutes les feuilles enveloppées dans le même sens, en laissant une feuille de cape lisse et brillante. Rouler un cigare parfait est une compétence qui prend des années à maîtriser.
Alors, qu’est-ce qui différencie un cigare cubain d’un autre cigare qui n’a pas été fabriqué sur la fameuse île ? Fondamentalement, tout est dans le Ligero, qui sont les feuilles supérieures du plant de tabac. Et en quoi ces feuilles sont-elles différentes des autres feuilles? Comme pour tout produit agricole comme le raisin, la qualité des feuilles de tabac et du cigare cubain final dépend de nombreux aspects, notamment le climat, les températures, les pluies, le vent, le sol et même la main humaine (c’est ce qu’on appelle le terroir). Même dans la région de premier ministre du tabac cubain, Pinar del Rio, la qualité de certains producteurs diffère de celle de leurs voisins. Bien qu’il existe des fermes de tabac exceptionnelles dans d’autres parties du monde, le fait est que les feuilles de tabac de la région de Pinar de Rio à Cuba règnent parmi les amateurs de cigares du monde, principalement parce qu’ils produisent systématiquement des feuilles de tabac de bonne qualité.
Tout repose sur la force et la saveur du tabac. Pour ceux qui aiment se faire plaisir avec un cigare, les cigares cubains représentent l’expérience ultime , connue pour leur force et leur saveur; Ils offrent généralement des tons épicés, boisés et terreux qui se marient à merveille pour créer une expérience unique. Bien qu’il existe des marques plus douces et d’autres offrant des notes à base de plantes, la grande majorité des cigares cubains offrent cette saveur plus intense. Il s’agit vraiment de force et de complexité, ce qu’un fumeur de cigare débutant ne serait probablement pas en mesure de décrire ou de détecter.
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